Pierre Viret Théologien
Dans cet ouvrage, Jean-Marc Berthoud examine avec clarté et précision la vie et la théologie de Pierre Viret, géant oublié de la Réformation. Il explore à la fois les écrits de Viret et leurs implications théologiques et philosophiques, tout en fournissant des applications très pertinentes dans les débats éthiques de notre époque.
Plus d'info →Dominique Troilo
Président de l’Association Pierre Viret
Le présent livre est un recueil de cinq interventions de Jean-Marc Berthoud, entre 1991 et 2018. La matière a été réorganisée pour en faire huit chapitres. Lesdites interventions ont été reprises dans le style correspondant et trois excursus y ont été joints. Le lecteur ne sera donc pas surpris de retrouver certains thèmes plusieurs fois, plus ou moins développés selon le contexte.
Les positions théologiques personnelles exposées par l’auteur lui appartiennent. Notre Association ne se pose pas en censeur, elle n’a d’autre but que de favoriser l’étude et la diffusion de la pensée de Pierre Viret.
Dans sa première communication (ci-après, chapitre 1), l’auteur commence par nous raconter Viret, puis il replace les choix du Réformateur dans leur contexte. On se met à comprendre de quelle manière le Politique a profité de la Réformation pour prendre le pouvoir à la fois sur le monde civil et sur le monde spirituel. Finalement, on a chassé un pape pour en installer un autre. On saisit mieux pourquoi Viret s’est très vite inquiété de redonner son rôle à l’Église dans le domaine de la discipline ecclésiastique.
C’est ici qu’il nous faut dévoiler une découverte qu’a faite notre ami Michael Bruening. Il existe un manuscrit latin de plus de 400 pages, sans titre, rédigé de la main de Théodore de Bèze. Il y fait l’apologie des pasteurs et professeurs de Lausanne suite à leur expulsion par les Bernois en 1559. Dans ce document, Bèze transcrit intégralement plusieurs lettres et sources de cette période. Une partie de ce matériel est bien connu et a été publié en son temps par Herminjard et les Calvini Opera, et plus récemment par Michael Bruening lui-même. Mais une grande partie n’a jamais été publiée. Cette collection, à elle seule, éclaire bien des points de cette controverse qui a duré une vingtaine d’années.
Le plus intéressant pour nous ici et que dans le Volume 64 des Archives Tronchin, aux ff. 142v-185r se trouve un court traité sur la discipline ecclé¬siastique écrit par Viret en mars 1558, qui a longtemps été considéré comme perdu : P. Vireti Libellus de disciplina Bernensi Senatui exhibitus. On notera encore deux lettres de Viret dans ces mêmes archives, Volume 7, ff. 93v-100r, adressées au Conseil de Berne, les 6 et 27 novembre 1558.
Ces documents éclairent d’un jour nouveau le rôle que Viret a joué dans les positions fermes adoptées par les pasteurs et professeurs lausannois.
Dès mes premières lectures dans les premiers écrits de Viret, j’ai été frappé par la maturité de sa pensée théologique. Et je me suis souvent posé cette question iconoclaste : Et si Calvin s’était inspiré de Viret ? Plus j’avançais dans mon étude, plus cette certitude s’est installée.
Dans sa deuxième communication (ci-après, chapitres 2-4), J.-M. Berthoud, en se penchant sur le thème de la connaissance de Dieu, montre bien l’originalité en bien des points de Viret par rapport à son ami Calvin. Mais Rebekah Sheats, en lectrice attentive des deux Réformateurs, a effectivement trouvé chez Calvin des développements initiés par Viret. Voici ce qu’elle nous en dit dans une lettre que vous trouverez en note plus loin :
Fait intéressant, en examinant les sermons de Calvin, j’ai été amusée de voir qu’il semble qu’il a employé le texte de Viret comme base pour ses sermons sur le Décalogue dans le Deutéronome. Les similitudes entre ses sermons et les commentaires de Viret sont assez frappantes, suivant fréquemment idée pour idée (et presque mot pour mot occasionnellement). Comme vous le savez, Calvin a prêché sur le Deutéronome l’année suivant la publication originale du commentaire de Viret.
Comme l’exprimait en son temps A.-L. Hofer, nous sommes en présence de la triade l’élite. Farel, Viret et Calvin sont redevables les uns des autres. Mais l’expression théologique plus moderne de Calvin, nous a laissé penser qu’on lui devait tout.
Dans sa troisième communication (ci-après, chapitre 5), l’auteur nous propose un exercice intéressant : Lire la lecture que fait un professeur réformé américain, Douglas F. Kelly, de la lecture que Viret fait de l’image de Dieu en l’homme.
Ces trois hommes ont une lecture que l’on qualifie parfois, de manière condescendante, de fondamentaliste. Ce croisement met en lumière l’évolution de la pensée depuis les combats de Viret contre ceux qu’il qualifiait d’athéistes et le mouvement de sécularisation qui s’est poursuivi jusqu’à notre époque, et le fossé qui s’est creusé entre science et foi.
Depuis longtemps, J.-M. Berthoud s’intéresse aux questions touchant à la Loi divine et au droit. Il a écrit plusieurs fois à ce sujet par le passé. Pour sa quatrième communication (ci-après, chapitres 6 à 8), Viret lui donne l’occasion de revisiter ses thèses et de confirmer ses positions. Le lecteur peu familier de ces thématiques se perdra peut-être dans les développements, mais cette étude démontre combien le Réformateur maîtrisait les concepts les plus complexes. L’auteur met bien en lumière l’approche radicalement différente du législateur moderne d’avec celle de Viret et de la tradition chrétienne qu’il représente.
Dans sa dernière contribution (ci-après, chapitre 9), nous sommes ame¬nés à comparer les commentaires que font plus particulièrement Calvin, Bullinger et Viret sur un passage du Deutéronome touchant à la falsification des poids et des mesures.
Au travers de ces différentes contributions, J.-M. Berthoud nous fait découvrir un Viret très au fait des questions juridiques et agile dans son application des principes bibliques aux situations concrètes de son temps. C’est une invitation à faire de même à notre époque, pour confronter notre société dans son choix d’avoir fait d’elle-même son propre référentiel.
Table des Matières
D.-A. Troilo : Préface
Chapitre I Pierre Viret et le refus de l’Église de plier devant la puissance de l’État
Théodore de Bèze : Pierre Viret
Chapitre II Ce que Pierre Viret (1511-1571) a enseigné sur la connaissance de Dieu
Introduction
Comment connaître Dieu ?
Chapitre III Contraste entre la théologie de Viret et celle de Calvin : l’intelligence du
monde créé et de l’histoire
Chapitre IV Comment apprécier la théologie de Viret ? Jean Calvin à la lumière de
Pierre Viret
Conclusion
Annexe : Pierre Viret 1511-1571. Héraut d’une science réaliste : physique et
biologique, théologique et morale : celle d’un univers créé et ordonné par Dieu
Chapitre V L’homme, image de Dieu chez le Réformateur Pierre Viret. La lecture de
Douglas F. Kelly
En guise de Préambule, Lettre de remerciements adressée à Henry de
Lesquen, Directeur de Radio Courtoisie
Avant-Propos
Introduction
- Deux visions du cosmos
- La pensée des Réformateurs se rapportant à l’image de Dieu
- L’image de Dieu chez Pierre Viret
Conclusion
Annexe : L’enjeu véritable du débat entre Science et Foi
Chapitre VI Pierre Viret et la Loi de la Nature
Envoi
Introduction
Chapitre VII Sur la diversité nécessaire des lois entre nations et de l’abus moderne du
Droit de Nature
Chapitre VIII Un ordre naturel privé de sens appelle au retour à l’ordre de nature
selon la création divine Mot de la fin
Chapitre IX Viret et l’application de la Loi de Dieu à la société
Agrippa d’Aubigné : Le bon Roi, image de Dieu
Annexe : Le système moderne de vol à grande échelle pratiqué par les Banques
centrales
Bibliographie
- L’époque de Pierre Viret
- Pierre Viret, ses œuvres
III. Pierre Viret, sa vie et son œuvre
Index biblique
Index nominatif