Le pasteur Aaron R. Kayayan est né le 24 janvier 1928 dans la banlieue d’Athènes (Grèce), troisième enfant de rescapés du génocide perpétré par les Turcs ottomans envers le peuple arménien entre 1915 et 1922. Les propres études de théologie de son père dans un séminaire américain protestant en Turquie avaient été interrompues par ces événements tragiques pendant lesquels onze membres de la famille furent brutalement assassinés. Le jeune Aaron grandit dans une famille chrétienne, ayant reçu la vocation missionnaire dès l’âge de 5 ans et ne s’en étant jamais départi, comme il l’a dit plus tard à sa famille à plusieurs reprises. La seconde guerre mondiale et l’occupation de la Grèce par les armées allemandes interrompirent à leur tour ses études secondaires et il ne put bénéficier d’une scolarité normale, malgré ses grandes aptitudes et sa soif intense de lectures. Immédiatement après la guerre, un coup d’état communiste perpétré au nord de la Grèce, où la famille Kayayan s’était réfugiée pour échapper à la famine durant ces années de guerre, réduisit à néant ses espoirs de retourner à l’école.
Ce n’est que vers 1950 qu’il réussit à passer l’équivalent du baccalauréat, ayant appris l’anglais, puis le français, par lui-même. Il parvint à se faire inscrire dans un institut biblique situé dans les environs de Lausanne en Suisse, où il suivit une formation de trois ans, complétée par un séjour d’un an dans une faculté protestante de théologie à Zürich. C’est à Lausanne qu’il rencontra celle qui allait devenir sa compagne et collaboratrice fidèle, Carmen Garrofe, venue elle-même de Catalogne (au nord-est de l’Espagne) pour étudier au sein du même institut. Mariés en 1956, ils poursuivirent leurs études de théologie en France, à la faculté libre d’Aix-en Provence, où ils découvrirent l’œuvre de Jean Calvin et adoptèrent la foi réformée grâce aux théologiens néerlandais qui y enseignaient.
Après un premier et bref poste pastoral auprès d’une communauté arménienne dans la banlieue de Marseille, le pasteur A.R. Kayayan desservit plusieurs paroisses réformées dans le sud de la France (Pyrénées puis vallée du Rhône), avant de monter en Paris en 1966 avec sa famille (deux garçons, Alain et Eric, étaient nés entre 1958 et 1960; Alix, leur fille, naitrait à Paris en 1971). Il fut pasteur de l’église réformée de Paris-Belleville entre 1966 et 1976, et s’engagea très vite dans une action de renouveau réformé pour contrer les tendances libérales croissantes au sein du Protestantisme français. Il multipliait aussi les contacts avec des réformés étrangers, notamment néerlandais, américains et sud-africains, assistant à de nombreuses conférences réformées internationales.
Dès 1969, il avait été approché par l’organisme missionnaire américain “The Back To God Hour” (“L’Heure du Retour à Dieu”) en vue de produire des messages radiophoniques destinés à la province francophone du Québec, au Canada. En 1976, le BTGH, chapeauté par l’Église Chrétienne Réformée en Amérique du Nord, lui demandait d’entrer à plein temps dans ce ministère et il accepta cet appel, tout en restant à Paris. Le ministère radiophonique en langue française s’étendit à la France, puis progressivement, par la voie des ondes courtes, à l’Afrique francophone, notamment grâce au soutien de réformés sud-africains. Des organismes radiophoniques chrétiens internationaux tels que TransWorldRadio, Radio Feba et Radio Elwa devenaient de fidèles partenaires de “Perspectives Réformées” pour la diffusion de l’Évangile en Afrique centrale, de l’est et de l’ouest. La production régulière et intense de littérature destinée à équiper les pasteurs, anciens, évangélistes et tous les croyants, de nombreuses visites en Afrique – notamment dans l’ex-Zaïre – complétaient ce ministère mené conjointement par Aaron et Carmen Kayayan. En 1982 les Kayayan, accompagnés de leur fille, rejoignaient l’équipe du BTGH dans la banlieue de Chicago aux États-Unis afin d’y continuer le ministère de Perspectives Réformées au sein même de l’Église Chrétienne Réformée en Amérique du Nord (CRCNA). La correspondance avec les auditeurs et les visites en Afrique s’intensifiaient, de même que la production d’émissions pour la télévision. Un des fruits de cette activité intense et visionnaire fut, en 1984, la fondation de l’Église Réformée Confessante au Zaïre, avec le soutien de la RCUS (Reformed Church in the United States). D’autres églises réformées verraient le jour en Afrique francophone suite à ce ministère, notamment au Bénin et au Togo.
Après sa retraite officielle du BTGH en 1992 (à l’âge de 64 ans), le pasteur Aaron Kayayan allait se tourner vers son propre peuple, les Arméniens, et commencer un ministère d’évangélisation réformée dans sa langue natale: Havadk Yev Guiank (Chrétiens pour l’Arménie). A l’aide de collaborateurs fidèles et compétents à Gyumri (seconde ville de la république d’Arménie) et d’un comité de soutien réformé interdénominationnel basé aux Etats-Unis, de nombreuses émissions radiophoniques ainsi que plusieurs publications – en particulier une revue trimestrielle de grande qualité – allaient être produites, accompagnées de visites régulières sur cette terre chère à celui qui ne l’avait jamais visitée avant l’âge de 65 ans (son dernier voyage sur la terre arménienne datant de 2005, il avait alors 77 ans). Jusqu’à l’âge de 80 ans, et en dépit de problèmes de santé de plus en plus préoccupants, Aaron Kayayan a travaillé sans relâche à la propagation de la foi réformée sur la terre de ses ancêtres, accomplissant une oeuvre importante reconnue par de nombreux Arméniens aussi bien en Arménie même que dans la diaspora, en particulier dans le Caucase et en Russie.
Durant toute la durée de son ministère, le pasteur Kayayan a brûlé d’une intense passion de partager l’Évangile du Royaume avec ceux qui ne le connaissaient pas, étant animé jusqu’au bout d’une grande énergie pour accomplir cette tâche urgente.
Le 12 Mai 2008, dans les premières heures de la matinée, le pasteur Aaron Kayayan a été rappelé à Dieu, étant décédé des suites d’une hépatite contractée quelque trente ans auparavant, lors de l’un de se voyages missionnaires au Congo. Il laisse derrière lui son épouse Carmen, sa sœur aînée, ses trois enfants et plusieurs petits enfants.
Il est enterré au cimetière Winchester de la ville de Grand Rapids, dans l’état du Michigan aux États-Unis.
SOLI DEO GLORIA: A Dieu seul la gloire !
Eric Kayayan, pasteur
Écrits disponibles sur internet
Le chrétien dans la Cité
Cet ouvrage clair et percutant dû à la plume d'Eric et Aaron Kayayan (des calvinistes d'origine arménienne vivant respectivement en Afrique du Sud et aux États-Unis) restaure pour nous la vision chrétienne - plus spécifiquement biblique et réformée - de la réalité politique. Il est une étape importante dans le rétablissement d'une pensée chrétienne englobant tous les domaines de la vie. Il ouvre la voie à la formulation de solutions sensées et durables aux crises qui secouent notre civilisation.
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